vendredi 25 mars 2022

Pourquoi la paranoïa collective est-elle en plein développement au sein de la société et des organisations ?


La modernité peut être définie par :

• la fin des grands systèmes de croyances religieuses qui permettaient d’avoir un sens précis du pourquoi de son existence au sein d’une communauté
• l’avènement d’une conviction que chacun possède une vie intérieure propre devant être développée, tout en sachant qu’au fond existe une solitude existentielle sans cosmos extérieur sur lequel se reposer
• le fait que la seul marqueur d’une vie « réussie » devient à la fois sa réussite professionnelle mais également le développement de sa vie intérieure, donc en synthèse la réalisation de son potentiel personnel
• le fait que chacun peut avoir sa chance, voire une chance égale de réussite et de mobilité sociale s’il s’en donne les moyens
Cette modernité se vit dans un contexte socio-économique lié à l’émergence d’un capitalisme cognitif (transition de l'industrie vers la marchandisation de masse du savoir et de la créativité donc de l'expertise) ayant plusieurs conséquences sociétales :

• la bipolarisation de le société avec un affaiblissement relatif de la classe moyenne (en haut une élite mondialisée acculturée au managérialisme, en bas la transformation progressive du travail en capital par automatisation, au milieu toujours plus de travail pour compenser un rapport défavorable VA/salaire ) source d’angoisse de déclassement et de stress au travail

• la remise en question du patriarcat car le masculin ne peut plus légitimer sa domination par un système de croyances religieuses, ce mouvement s'associant à la montée en puissance des femmes car plus diplômées et adaptées au capitalisme cognitif (dont un pourcentage plus élevé de diplômes du supérieur)
• l’effritement des corps intermédiaires dont les syndicats et les institutions religieuses, les parties politique, au profit d’actions individuelles ou anarchistes

Comment se sentir avoir une place dans ce système pour les personnes en étant exclues ? Il devient vital de construire des ennemis pour de pas s’écrouler, le mieux étant de le faire en groupe afin de favoriser une fausse illusion d’égalité, voire de « famille ». Les Autres servent de faire valoir à la pulsion agressive que le sentiment d’insécurité ontologique génère.  

Les résultats en sont :

• Une montée des extrêmes et de la contestation des systèmes sociaux
• L’enthousiasme potentiel de notre imaginaire collective pour la violence, la guerre, de manière générale pour la destructivité. Prenons en conscience dès maintenant.
• Une sorte de rente paranoïaque pour les leaders négatifs voulant prendre le pouvoir et/ou faire payer une dette psychologique personnelle par projection
• Le rejet de l’autorité, l’individualisme le plus poussé et la grande démission de l'engagement qu'il soit en entreprise ou dans la vie sociale

Sommes-nous sur la même pente que celle du XXème siècle ? A qui profiterait cette « rente paranoïaque » ? Comment accompagner ces dynamiques collectives dans la société et les entreprises ? Que faire lorsque les personnes ont gouté au plaisir de la violence et sont enfermées dans des dynamiques collectives ? Comment donner le gout de la paix lorsque la guerre peut être si enthousiasmante ? comment instaurer un dialogue lorsque la société se ferra de plus en plus polarisée sur la question du "à qui la faute" ?

Matthieu Poirot

Expert en Qualité de Vie au Travail

Psychologue et Docteur en gestion

Dirigeant de Midori Consulting


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