Ce qui se joue dans le télétravail n’est pas uniquement une transformation organisationnelle mais également une transformation de rapport à l’autre. La France est le pays d’Europe qui est sortie le plus rapidement du télétravail.
Ce fait est aussi un message sur la difficulté à se faire confiance entre les managers et les managés dans notre pays. Les dirigeants indiquent observer des déviances avec certaines personnes en profitant pour ne pas autant travailler.
Les salariés indiquent vivre beaucoup d’avantages avec le télétravail et vouloir le conserver. Pourquoi passer en tout ou rien dans les réponses de l’entreprise ?
Il est sans doute utile et stratégique de garder du télétravail sur 2 jours par semaine : dé-densification des bâtiments, fidélisation de talents, plus de productivité, moins de risques covid 19, plus d’équilibre avec la famille,…. mais également de continuer à faire en sorte que les équipes se rencontrent et échangent régulièrement sur un même lieu de travail. Les solutions peuvent être co construites entre le management et les équipes mais il est alors nécessaire de penser de chaque côté que l’autre à votre intérêt en tête.
La question n’est pas uniquement celle du contenu (les solutions) mais des positions relationnelles. Les solutions retenues par les organisations disent aussi que la relation se construit sur la défiance.
Il y a fort à parier que cela entrainera des dynamiques collectives négatives qu’elles soient à bas bruit (par exemple : perte de productivité, démissions voire sabotage du travail) ou exprimées (exemple : conflits sociaux, demande de compensation financière par demandes sur les augmentations de salaire). Les dirigeants sont aussi des stratèges relationnels. Le contenu stratégique et aussi dépendant des dynamiques humaines.
Par ailleurs, le télétravail doit être individualisé. Pour des personnes, c’est un paradis, pour d’autres un enfer. Cela dépend sans doute de beaucoup de variables. Voici celles qui me semblent pertinentes d’analyser :
· Introversion (besoin d’être seul pour récupérer) / extraversion (besoin d’être en relation pour récupérer)
· Degré de coordination et d’ambiguïté partagée pour réaliser le travail
· Temps de trajet travail-domicile
· Lieu correct de travail à son domicile possible
· Ambiance dans l’équipe et surtout avec son/sa manager
· Convivialité et densité du lieu de travail
Matthieu Poirot
Expert en Qualité de Vie au Travail
Psychologue et Docteur en gestion
Dirigeant de Midori Consulting
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