Il serait injuste de rejeter l’état de notre santé psychologique sur le seul individu ou sur l’entreprise. Les évolutions de la société ont également leur part de responsabilité dans le mal être.
En dépit d’une large amélioration de nos conditions de vie actuelle, comme le font remarquer plusieurs observateurs, nous ne sommes pas plus heureux que 50 ans auparavant. Comment expliquer que l’augmentation du confort matériel n’ait pu permettre d’augmenter le confort psychologique ? Comment en sommes nous arrivé au stress et aux risques psychosociaux ? Il semble que notre société actuelle fragilise les individus. Dès lors, l’impact des facteurs de stress professionnels n’en sera que plus important. La société actuelle est caractérisée par 6 phénomènes générateurs de stress.
• L’effritement des institutions : le monde moderne s’est constitué sur la disparition de grandes institutions structurantes, telle l’église ou la royauté. L’individu n’est donc plus contraint de suivre un chemin tout tracé. Cependant, il doit de ce fait inventer sa vie, ce qui fait dire par les sociologues qu’il existe une véritable fatigue d’être soi. Nous assistons à une lassitude d’inventer sa vie.
• L’impératif de performance : l’apparition de médias de masse dans notre vie a accéléré l’impératif d’être dans la norme des canons de beauté et de réussite. Cette tyrannie de la perfection est une grande source de culpabilité qui fragilise l’estime de soi de nombreuses personnes. La réussite professionnelle est l’une des normes actuelles de réussite.
• La mobilité : le développement de l’économie moderne nécessite que les employés et cadres puissent suivre leur entreprise. Il existe ainsi des couples TGV et il n’est plus rare de rencontrer des familles ayant déménagé plusieurs fois pour le travail d’un des conjoints. Cette mobilité a pour conséquence un éloignement des grands parents et de la famille proche, qui souvent aide les parents pour l’éducation des enfants. De plus les mobilités sont une source importante de stress qui peut fragiliser le salarié.
• La contraction du temps : le développement technologique nous habitue à vivre dans l’instantanée. Tous les objets technologiques ont pour fonction essentielle de nous faire gagner du temps. En parallèle, le rythme du travail a du s’adapter à ces nouveaux outils et impose un fonctionnement de l’entreprise basé sur le « zéro délai ». Le temps ne semble plus appartenir à l’individu mais bien à l’objet.
• La fragilité des engagements relationnels : nous avons appris à nous détacher sans pour autant apprendre à nous engager. Les relations sociales et intimes sont basées sur la notion de réciprocité et sont de plus en plus friables. Il en résulte une augmentation de la fréquence des divorces, une augmentation du nombre de personnes ressentant de la solitude, des modes de socialisations basés sur le festif et l’éphémère plutôt que le partage. Ce phénomène tend à s’accélérer avec l’apparition d’un repli sur la réalité virtuelle au détriment de toute vie sociale dans le monde réel.
Matthieu Poirot
Expert en qualité de vie au travail, leadership et développement organisationnel
Expert in Quality of Life at Work, Leadership and Organizational Development
©Matthieu Poirot,2007-2016.
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