Marc est un manager au sein d'un grand groupe de
télécommunication. Faisant partie des hauts potentiels de l'entreprise, il
s'attend à devenir patron de l'une des business unit stratégique. Mais à la fin
d'année, malgré de très bons résultats, son chef lui annonce qu'il est congédié.
L’entreprise cherche à développer une approche managériale plus positive et son comportement agressif n'est plus toléré par ses collaborateurs, ses pairs et le Comex.
L’entreprise cherche à développer une approche managériale plus positive et son comportement agressif n'est plus toléré par ses collaborateurs, ses pairs et le Comex.
Cette situation est un véritable choc pour Marc. Dans son
parcours de vie, il n’a connu que des réussites. Comment vivre cette
situation ? Pendant 2 semaines, il reste muré dans sa culpabilité et sa
colère. Qu’est-il arrivé ? Pourquoi tant d’injustice ? Que faire pour
rebondir ? Personne ne lui avait jamais indiqué les difficultés que
pouvait poser son comportement relationnel.
Avec 16 années d’expérience de conseil et coaching, nous
avons appris une leçon fondamentale : toute
situation d’adversité peut devenir une occasion de résilience permettant de se
transformer positivement. Ce
processus repose sur plusieurs conseils que nous allons détailler.
Conseil n°1 :
accepter la situation
Chaque personne est différente dans sa réaction à ce type
de situation mais le processus psychologique d’acceptation passe par des étapes
similaires ; celles du Docteur Elizabeth Kübler-Ros :
- le choc : l’annonce déstabilise la personne car elle surprend son système de perception habituel (« je suis un vainqueur, personne ne peut vouloir me renvoyer »)
- le déni : afin de supporter psychologiquement l’événement, la personne met à distance l’information et anesthésie l’émotion
- la colère : la personne réalise l’existence de la situation et en ressent l’injustice (« pourquoi moi ? »)
- le marchandage : tentative de négocier avec le réel afin de se donner l’illusion de contrôler la situation et de pouvoir revenir en arrière
- la tristesse : la personne réalise que la situation lui fait perdre définitivement quelque chose. La tonalité émotionnelle de cette période est un vécu dépressif qui change en intensité au cours du temps
- l’acceptation : enfin la personne reconnaît la situation telle qu’elle est et commence à tourner son esprit vers le futur. Que faire du « vide » que laisse cette situation ?
- l’intégration : la personne se reconstruit et change son regard sur le monde, soi même et les autres
Durant cette période d’acceptation-intégration, il est
très important de pouvoir se faire accompagner par des personnes de confiance.
Cela peut être un thérapeute, un coach, des relations professionnelles, des
amis, la famille. L’important est de pouvoir échanger sur son vécu émotionnel,
de construire du sens à travers la discussion.
Conseil n°2 :
comprendre l’échec, la difficulté comme des sources d’apprentissage
Parfois la personne peut rester longtemps dans le déni,
surtout pour des dirigeants. Ce mécanisme est amplifié par le filtre de la
réussite qui pousse les personnes de haut statut social à s’attribuer le
positif et à externaliser les difficultés ou échecs.
Marc va ainsi pendant de longues semaines chercher à fuir
la discussion. Or une des meilleures manières d’accepter la situation est d’en
faire une situation d’apprentissage. Il convient de susciter des retours sur
son comportement afin de générer une information de qualité sur ce qu’il faut
changer ou continuer.
Etape 1 : sélectionner les 10 à 15 personnes pouvant
donner une information de qualité (précise et bienveillante) : famille,
pairs, amis, collaborateurs…
Etape 2 : organiser une rencontre en face-à-face
puis demander ce qu’ils suggèrent pour le futur de garder, d’amplifier ou d’arrêter
comme comportements (cette manière d’enquêter est plus protectrice de l’estime
de soi qu’un questionnement centré sur le passé et les erreurs)
Etape 3 : prendre du temps pour mettre en sens
l’information. Si nécessaire se faire accompagner par un coach
Etape 4 : déterminer un plan d’action permettant
d’utiliser ce diagnostic
Conseil n°3: utiliser la
situation pour clarifier qui vous êtes et ce que vous voulez
Toute situation de perte peut permettre de mieux
comprendre ce qui est important pour soi, de clarifier l’essentiel. Malgré la
douleur Marc commence à rencontrer de nombreuses relations. Les échanges lui
permettent de faire émerger ce qui compte pour lui. Il note sur un cahier la
synthèse de ces discussions et identifie 4 points essentiels :
- Il aime les contextes de transformation
- Il veut apprendre à mieux réguler son agressivité
- Il veut continuer à travailler dans le secteur de la communication
- Il veut travailler avec un N+1 pouvant lui apporter plus de coaching et de mentoring
Une manière de structurer sa réflexion peut être de
définir 3 champs :
- Ce que je dois faire (mes obligations sociales, par exemple l’argent devant rentrer dans le foyer ou la prise en compte de la double carrière)
- Ce que je veux faire (mes désirs, ce qui me rend enthousiaste, passionné, suffisamment pour continuer quand cela devient difficile)
- Ce que je peux faire (mes compétences et les possibilités offertes par mon environnement socio-économique)
Ces 3 champs permettront de définir les éléments
possibles de rebond. Attention cependant à ne pas faire de sur-analyse. Il est
également intéressant de tester des personnes ou des opportunités différentes
pour construire ses choix. Aline qui était DRH dans un groupe d’informatique
devient DRH par relation, dans une école de management. Elle se découvre une
passion pour ce nouvel environnement. Marc
pendant sa période de recherche d’emploi se lance dans un nouveau sport :
le kitesurf. Cela lui permet de rencontrer le patron d’une startup en pleine
expansion qui l’embauche comme N°2.
Conseil n°4 : protéger sa réputation et son capital
professionnel
La réputation
est l’une des dimensions les plus importante pour la carrière. C’est elle qui
va permettre de se différencier par rapport à ses concurrents. Le risque le
plus important à moyen termes lors d’une difficulté de carrière est l’influence
négative sur la réputation dans son réseau professionnel. Il convient donc de
construire un discours permettant de la protéger.
L’objectif est
de faire de l’échec une réussite pour la réputation.
- Définir l’échec comme le fruit d’une mauvaise évaluation de votre talent et un positionnement éthique (« Je n’ai pas été renvoyé pour mes résultats ; nous avons eu un désaccord de fond sur la stratégie et notamment sur ce que je pense pouvait développer bien plus fortement l’entreprise et protéger son avenir. J’espère que le futur ne me donnera pas raison. J’ai pu faire de très belles choses grâce à cette entreprise. »)
- Se montrer confiant dans le futur (« cette période va me permettre de me lancer dans de nouveaux défis. Au fond, je commençais à m’ennuyer. Je suis certain que l’avenir sera rempli de choses très positives et enthousiasmantes)
- Mettre en avant son capital professionnel (« je cherche à faire bénéficier ma prochaine entreprise de ce réseau, de toute la connaissance et l’expérience acquises depuis des années dans mon domaine d’expertise »). Il est par ailleurs important dans cette situation de continuer de se former, d’assister à des événements, de proposer des cours, …toutes actions pouvant continuer de nourrir son capital professionnel.
Matthieu Poirot
Expert en qualité de vie au travail, leadership et développement organisationnel
Expert in Quality of Life at Work, Leadership and Organizational Development
©Matthieu Poirot,2007-2016.
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