jeudi 5 mars 2009

Les coûts cachés du stress au travail

La mesure du coût du stress ne prend en compte qu’un aspect quantifiable qui est celui de l’absentéisme. En partant de notre expérience, nous considérons que cette approche néglige d’autres coûts, plus difficiles à saisir mais tout aussi importants pour l’efficacité de l’entreprise. 

Les recherches internationales démontrent clairement que le stress est également relié au désengagement des collaborateurs. Lorsqu’un collaborateur est désengagé, il peut mettre en place deux types de stratégies : chercher un autre travail ou se mettre en retrait. La première consiste à rechercher activement un autre travail plus motivant. Bien entendu cette démarche nécessite que le collaborateur ait les moyens de trouver ce nouveau travail. Or, il est utile de rappeler que ce sont souvent les collaborateurs les plus précieux pour l’entreprise qui sont également les plus employables. Le bien-être des salariés est donc nécessaire pour l’attractivité de l’entreprise.

Dans le cas où le collaborateur en souffrance n’a pas les ressources pour trouver un emploi à l’extérieur de l’entreprise, il peut également se mettre en retrait, c'est-à-dire faire du présentéisme. Le salarié est présent dans l’entreprise mais son investissement est minimal. Ses zones de satisfactions sont extérieures à l’entreprise. Par exemple, il peut s’investir dans une association et ne rester dans l’entreprise que pour assurer une certaine sécurité financière. Souvent le manager s’en rend compte et passe beaucoup de temps et d’énergie à recadrer la personne afin qu’elle effectue correctement son travail. Cette réaction du manager ne fait que renforcer le présentéisme. Même si les études ne mesurent pas précisément le cout de ce phénomène, il est certain que l’entreprise dépense beaucoup de temps et d’énergie pour lutter contre ses effets.

Le stress et les risques psychosociaux augmentent également la dégradation de l’image de l’entreprise. Songeons au cout médiatique des suicides ayant eu lieu au TechnoCentre de Renault. Combien de candidats de bon niveau ont vu leur perspective sur cette entreprise changer ? Comment les employés de Renault ont-ils vécu la réputation de l’entreprise ? Quels effets sur leur motivation ? La communication de crise autour de ces thèmes n’est pas encore maitrisée par l’entreprise. Ainsi le suicide d’un collaborateur dans une grande entreprise a fait l’objet d’un direct à la télévision dans lequel les collaborateurs étaient informés de l’événement par le reporter !

Les salariés se saisissent de plus en plus de la technologie web (blog, forum internet) pour exprimer le vécu de leurs conditions de travail. Si l’entreprise peut faire appel à des « nettoyeurs », l’expression des salariés, encouragée par l’anonymat de l’internet, ira toujours plus vite que la communication de l’entreprise. Un blog anonyme d’un salarié exprimant sa souffrance au travail est difficile à faire fermer par la justice. Le bloggeur peut être suffisamment astucieux pour ne pas évoquer directement l’entreprise, tout en laissant les indices nécessaires pour que le lecteur comprenne de quelle entreprise il parle. Quelques blogs peuvent causer beaucoup de dégâts pour l’image de l’entreprise. Ce phénomène de réputation risque de s’accélérer avec l’apparition de classements des entreprises où il fait bon vivre.

Matthieu Poirot

Expert en qualité de vie au travail, leadership et développement organisationnel 

Expert in Quality of Life at Work, Leadership and Organizational Development 



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©Matthieu Poirot,2007-2016.

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