Présenté par
Matthieu Poirot, Dirigeant de Midori Consulting
Qu’est-ce que le présentéisme ?
Issu des
recherches en psychologie de la santé au travail, le terme de présentéisme
redéfinit la représentation classique d’un salarié qui reste trop de temps au
travail. La nouvelle définition indique une situation où un salarié présent au
travail connaît une forte baisse de
productivité, parce qu’il est malade, en mal-être psychologique ou
complètement démotivé, les trois facteurs pouvant se combiner.
Le présentéisme
est un phénomène directement relié à l’absentéisme mais dont les coûts cachés
sont plus élevés.
•
Absentéisme = situation marquée par des
absences au travail répétitives ou prolongées d'un ou plusieurs salariés,
excluant les périodes prévues de congés.
•
Présentéisme = situation où un salarié est
physiquement présent sur son lieu de travail, alors que son état physique,
mental ou sa motivation ne lui permettent pas d'être pleinement productif.
Le coût du présentéisme est assumé par l’entreprise qui paie un salaire non
productif, tandis que celui de l’absentéisme est principalement pris en charge
par la sécurité sociale via les indemnités.
Les causes les
plus fréquentes du présentéisme sont :
· Une fatigue
intense liée à des difficultés personnelles et/ou professionnelles
· Un
sur-investissement au travail entrainant un état d’épuisement émotionnel. On
parle de burn in, stade précédent le burn out où l’arrêt de travail est
obligatoire ;
· Une grande
insatisfaction du salarié vis-à-vis de sa qualité de vie au travail qui conduit
à une démotivation appelée « démission intérieure ».
Quels intérêts pour les entreprises et
organisations de s’intéresser à ce sujet ?
Le présentéisme
coûte cher, très cher même, et ce coût est masqué. Les statistiques de nos
études montrent une baisse importante de la quantité et de la qualité du
travail réalisé, ainsi qu’une augmentation du risque d’accidents et de
conflits. Par ailleurs, le présentéisme
peut entraver la guérison et empêcher que les salariés récupèrent pour revenir
à un état de santé normal. En incitant au présentéisme, les entreprises peuvent
favoriser une incapacité de travail qui risque d’être plus longue et de leur
coûter plus cher que si elles avaient accepté le coût non caché de
l’absentéisme. Tout se passe comme si on considérait que le salarié était
nécessairement affecté par sa vie privée, la présence au travail devenant alors
une modalité curatrice.
Dans les
différents bilans QVT que nous avons réalisé avec nos entreprises clientes,
nous avons établi un lien systématique entre absentéisme, présentéisme et
qualité de vie au travail.
Le coût du
présentéisme n’est jamais évalué en entreprise alors que nos recherches et
celles menées au niveau international démontrent un coût caché extrêmement
important. Pour la première fois en France, nous fournissons une estimation :
1% d’absentéisme
peut indiquer jusqu’à 1,4 ou 2% de présentéisme
1% de
présentéisme coûte entre 0,42% et 0,54% de la masse salariale
Ainsi pour une
entreprise dont le taux d’absentéisme est de 4,53% (taux national en 2012), le
taux théorique de présentéisme peut être compris entre 6,34% et 9%. Le coût minimal peut donc être compris entre :
· Hypothèse
basse : 6,34 x 0,42 = 2,67% de coût
caché pour la masse salariale
· Hypothèse
haute : 9 x 0,54 = 4,86% de coût
caché pour la masse salariale
Rapporté à la
masse salariale française (513,5* Mds € en 2012), nous
obtenons les coûts cachés suivant :
· 13,7 milliards d’euros pour l’hypothèse basse
· 24,95 milliards d’euros pour l’hypothèse haute
Pour une entreprise dont le salaire annuel chargé moyen
est de 27 000€, cela représente entre 514€ et 660€ de coûts cachés annualisés,
par salarié.
Pour une entreprise dont le salaire annuel chargé moyen
est de 51 000€, cela représente entre 970€ et 1 248€ de coûts cachés
annualisés, par salarié.
Pour une entreprise dont le salaire annuel chargé moyen
est de 110 000€, cela représente entre 2 093€ et 2 691€ de coûts cachés
annualisés, par salarié.
Par secteur
d’activité, les taux théoriques de présentéisme sont[1]
:
· BTP
Construction (2,81% de taux d’absentéisme) : entre 3,93% et 5,62%
· Industrie
(3,77% de taux d’absentéisme) : 5,27% et 7,54%
· Santé (5,37% de
taux d’absentéisme) : 7,52% et 10,74%
· Transports
(4,92% de d’absentéisme) : 6,88% et 9,83%
· Services (5,46%
de taux d’absentéisme) : 7,64% et 10,92%
Nous sommes
donc sur un coût caché absolument colossal, à peine anticipé et travaillé par
les entreprises publiques et privées.
Le manque de qualité
de vie au travail a un effet insidieux mais réel sur la compétitivité des
entreprises car cela augmente le présentéisme qui est un coût caché non évalué
et intégré dans la gestion RH et financière.
Agir sur la qualité de vie au travail est une bonne
affaire.
Dans nos études
statistiques avec nos clients, 2 leviers de qualité de vie au travail font
drastiquement baisser le présentéisme :
· La régulation
de la charge de travail (quantité de
travail, pression du temps, charge mentale et émotionnelle du travail)
· La
reconnaissance (symbolique, financière,
de carrière)
Voici les 2
axes principaux pour limiter le présentéisme au travail. Pour autant, beaucoup
d’entreprises rechignent encore à investir sur la qualité de vie au travail car
elles ne perçoivent pas forcement le retour sur investissement
Au contraire,
on peut craindre qu’en situation de crise économique, on cherche à économiser
au détriment des conditions de travail, ce qui augmenterait mécaniquement le
coût caché du présentéisme. L’économie escomptée ne serait pas au rendez-vous.
En suivant trop
brutalement cette stratégie, la fonction publique soumise à une forte
contrainte budgétaire pourrait voir son présentéisme exploser. Dans le secteur
du service, où la masse salariale compte pour beaucoup dans la rentabilité de
l’entreprise, il est primordial pour la compétitivité d’investir sérieusement
sur la QVT.
Nos évaluations
montrent que pour une intervention sur la qualité de vie au travail, le
présentéisme peut baisser de 30%. De ce fait, en moyenne 1 euro investi rapporte minimum entre 2 et 4 euros.
Midori Consulting accompagne les entreprises sur 4
expertises, souvent intégrées dans des missions à forte valeur ajoutée :
-Stratégie et conduite du changement
-Coaching individuel et collectif
-Risques psychosociaux et qualité de vie au travail
-Gestion de conflit et médiation
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