Avec Malaise dans la civilisation (1930),
Freud fut l'un des premiers auteurs de psychologie à établir un
parallélisme entre le matérialisme
d’une civilisation et la frustration de ses individus; conflit entre le
besoin d'écouter son désir et l'obligation de s’adapter aux normes sociales.
Ces premiers constats ont rejoint ceux effectués en psychologie motivationnelle, notamment avec Kasser (2002) pour qui la religion consumériste constitue une des sources du malheur.
Ces premiers constats ont rejoint ceux effectués en psychologie motivationnelle, notamment avec Kasser (2002) pour qui la religion consumériste constitue une des sources du malheur.
Dans un article, titré "A
dark side of the American dream: Correlates of financial success as a central
life aspiration," Kasser et Ryan (1993), y examinent la relation entre les
priorités que se fixent des collégiens et la mesure du bien être. Les
auteurs évaluent ces priorités suivant les valeurs et buts suivants:
5 valeurs :
l'argent, la famille, la sécurité, la conservation du monde, la spiritualité et
la joie.
4 buts : l'acceptation
de soi (autonomie personnelle, estime de soi et développement
personnel), l'affiliation (famille et amis), la communion (avoir
l'impression de contribuer au bien commun) et le succès dans les
affaires (avoir un haut statut social, réussite matérielle et financière)
Les questionnaires soumis comportent également des mesures sur la santé
psychologique et physique.
Dans 3 études menées séparément pour
un total de 500 jeunes adultes, Kasser et Ryan (1993, 1996) y observent une relation inversement proportionnelle
entre les aspirations financières de ces derniers et leur niveau de bien-être.
Plus précisément, les participants qui priorisent les objectifs dits à « motivation
externe » (le succès dans les affaires) au dépend des objectifs dits à « motivation
interne » (l'acceptation de soi, l'affiliation, la communion) ont un
niveau de santé psychologique et physique inférieur, avec par ailleurs, des épisodes dépressifs fréquents. Les
participants aspirant autant au succès financier qu’aux autres objectifs ne
subissent pas de dégradation de
leur santé mentale et physique.
Les auteurs concluent que placer le
succès financier comme une priorité sur le reste des objectifs de vie contribue
au malheur.
Depuis ces premières études (Kasser,
2002, 2004; Kasser et Kanner, 2004 pour une revue détaillée), d'autres ont pu montré que les personnes priorisant le
matérialisme sur les autres buts observent une dégradation de leur qualité de
vie :
•
plus de problèmes
physiques
•
moins d'émotions
positives
•
plus de temps passé
devant la télévision
•
plus d'utilisation
de drogues et d'alcool
•
plus de risque de
dépression
•
moins de
satisfaction dans leur vie relationnelle
•
...
Pourquoi le matérialisme pourrait-il
rendre malheureux ?
La théorie de la motivation démontre
que les buts externes (comme le succès financier et le statut social) sont
moins satisfaisants que les buts internes (comme le développement personnel et
l'intimité avec les autres) car ceux- ci restent étroitement liées à nos
besoins psychologiques. Les buts externes sont eux, fondés sur la compétition qui a pour risque de compromettre la
qualité de nos relations aux autres d’une part, mais peuvent aussi accroître
notre sentiment d'insécurité, puisque s’accentue la possibilité de perdre (de
l'argent, du statut,...). Plus on possède, et plus on se focalise sur les
pertes possibles.
La culture consumériste actuelle n'est
donc pas celle en mesure d'apporter le bonheur au plus grand nombre, mais, bien
au contraire, celle qui favorise le malheur si elle n'est pas compensée par des motivations internes (acceptation
de soi, affiliation, communion).
références :
Kasser, T. (2002). The high
price of materialism. Cambridge: MIT Press.
Kasser T. & Kanner A.D.
(2004). Psychology and consumer culture : The struggle for a good life
in a materialistic world. Washington , DC: American Psychological
Association.
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